Sens & Tonka
BATTANT, DORMANT
Battant, dormant, un livre-fenêtre. Les textes assez brefs qui ouvrent le volume imitent – librement – la structure d’une fenêtre, avec un dormant de phrases fermement construites encadrant une volée de mots battants.
Les textes plus longs de "Lieux dits" ouvrent dans la familiarité d’un jardin, d’un bord de rivière, d’un vieux mur au pied duquel on vient s’asseoir pour voir le soleil se coucher derrière les arbres, la profondeur de champ de la mémoire, des hantises intimes, des réminiscences de légendes ou de chansons.
Enfin, c’est comme par une fenêtre battante que surgissent dans le cours dormant de l’existence quotidienne, des instants vifs comme des alertes, qui empruntent une couleur au paysage, un timbre ou un geste à une rencontre et qui prennent en mots, fugitifs comme des bribes de musique flottant dans l’air ("Le moment venu").
DEBORD DANS LE " BRUIT DE CATARACTE DU TEMPS"
– RÉÉDITION –
Pour la première fois depuis qu’il cessa le compagnonnage avec l’I.S., Daniel Blanchard dit, à sa façon, ce que fut et reste Guy Debord.
RENDEZ-VOUS SUR TES BARRES FLEXIBLES
Le titre Rendez-vous sur tes barres flexibles donné à cet ouvrage est emprunté à un poème de René Char datant de 1986 et dédié au couple de danseurs étoiles que Wilfride Piollet forme avec son mari Jean Guizerix.
Aidée de la pensée érudite de Gérard-Georges Lemaire, Wilfride Piollet met ici en présence la sensibilité du regard-spectateur et l’imaginaire de l’artiste-interprète.
PORTRAITS LIEUX
La chambre, la maison, la salle de bains, la cabane, la piscine, le préau, les toilettes, le bois, la cave. Neuf portraits lieux, imprécis mais pourtant bien réels dans un imaginaire à construire soi-même. L’auteur effleure les mots d’un doigt, apparemment, léger, décrit des atmosphères qui pourraient, apparemment, faire croire qu’elles sont de l’ordre de l’ordinarité et qu’elles appartiennent au simple décor de notre quotidien, et nous voici accrochés à la force du goût du détail qui nous ramène à la réalité de la vie, l’insignifiance d’un rideau qui ne s’ouvre pas, le bidon d’huile au capuchon rouge avec son attache en plastique, l’eau du bain qui vient mourir en vaguelette sur le corps... Dans chaque lieu, une histoire, à peine suggérée, banale, ou presque, des portraits de personnages débusqués, fantomatiques, épiés d’un œil d’une acuité implacable, les petits et les grands tourments de la vie, les drames, la cruauté ; de ces personnages uniques qui passent, se traversent ou s’entrecroisent, on entend les paroles intérieures criantes, on les revêt de caractères, de ceux que l’on imagine, on les costume de sentiments qui, peut-être, et même sûrement, aussi sont les nôtres. On les endosse comme un habit de connaissance, on entend leurs souffles et leurs pas, on épouse leurs silhouettes, on déchire leur espace tandis que la nature insoumise, impénétrable sous son humeur fantasque, y mêle son bruissement.
Pourtant, tout est à sa place...
ACEDIA I
La meute d’Actéon, par son festin magistral, se trouva, un jour vers midi, libérée de domestication. Mais, ayant ingérée un corps métamorphosé, celui de l’homme-en-cerf, elle en subit aussi le charme et se transforma à son tour. Elle alla, elle et au contraire exact du maître dévoré, de la bête lentement vers l’humain, sans jamais y parvenir tout à fait. En quelques générations, par un crime, dont, rapidement, ils ignorèrent la faute autant que la magie, les descendants de chiens d’Actéon devinrent à la fois sauvages et "comme" humains. Ils passèrent de l’état de meute ordonnée et fidèle à celui d’une bande sans nom ni loi, puis, de la bande, évoluèrent en communauté nomade et maudite. Ils constituent désormais un peuple humano-cynique, resté séparé des autres peuples. Voyageurs inlassables, oisifs, errants, clandestins, ils se sont répandus et cachés à travers le monde, où ils représentent, mais sans le savoir, la seule alternative restant à l’humanité dont l’épuisement, commencée avec la révélation à Actéon de la pleine et triste matérialité d’un cul divin, bientôt s’achèvera.
L'EFFACÉ
“Propriété privée, travail, capital, ouvrier et capitaliste, prix et profit : que disent ces mots ? Qu’expriment-ils des hommes, de leur rapports sociaux et de leurs liens avec le monde ? Que les individus en usent pour décrire leur réalité personnelle et collective, cela ne va pas de soi. Cette langue de l’économie qu’ils parlent quand ils veulent de l’objet et de leur activité, de l’autre homme, dire l’essentiel, elle ne leur est pas innée. Ils l’ont apprise. Ils ont appris à dire marchandise, plutôt qu’objet, travail au lieu d’activité, propriété privée pour désigner une étendue de terre. Pour ces hommes, l’autre sens possible de ces mots s’est effacé. L’autre, voilà aussi ce qui s’annonce avec l’effacé. Autant dire qu’au moment où nous le nommons, il aura déjà disparu. Il a été, voilà notre seule certitude.” A.-J. Chaton livre, ici, une nouvelle lecture des fameux “Manuscrits” dits de 1844 du jeune Marx (Karl).
LA LITTÉRATURE PREND LE MAQUIS
Devant le peu d’exigence du public et l’intronisation de la médiocrité dans l’arène médiatique, la littérature n’a que la ressource de l’esquive; elle prend le maquis pour se sauvegarder elle-même, vivre à sa guise, continuer de développer dans ses ouvrages des perspectives de plaisir et d’élargissement dans la présence à soi-même au monde. Jean-pierre Otte dénonce les méfaits de la culture par tous l’exception culturelle et autres petites infamies en art et en littérature, le parasitisme et l’onanisme oculaire. En même temps il s’efforce de comprendre l’avilissement et la platitude comme un étape nécessaire dans un processus de renouvellement. c’est dans l’ombre, en coulisse, en marge, que s’invente une culture nouvelle, libre, forte et fertile dont nous avons la plus grande nécessité dans le temps et la rupture et du passage.
L'EFFACÉ
Propriété privée, travail, capital, ouvrier et capitaliste, prix et profit : que disent ces mots ?
Qu'expriment-ils des hommes, de leur rapports sociaux et de leurs liens avec le monde ? Que les individus en usent pour décrire leur réalité personne et collective, cela ne va pas de soi. Cette langue de l'économie qu'ils parlent quand ils veulent de l'objet et de leur activité, de l'autre homme, dire l'essentiel, elle ne leur est pas innée. Ils l'ont apprise. Ils ont appris à dire marchandise, plutôt qu'objet, travail au lieu d'activité, propriété privée pour désigner une étendue de terre. Pour ces hommes, l'autre sens possible de ces mots s'est effacé. L'autre, voilà aussi ce qui s'annonce avec l'effacé. Autant dire qu'au moment où nous le nommons, il aura déjà disparu. Il a été, voilà notre seule certitude.
A.-J Chaton livre, ici, une nouvelle lecture des fameux « Manuscrits » dits de 1844 du jeune Marx (Karl).
OUBLIER ARTAUD
— INÉDIT —
Un dialogue, entre J. B. et S. L., qu’ils eurent le 16 novembre 1996 à New York.
On y trouve la quintescence de la position baldrillardienne face aux habitudes et engouements divers de ses contemporains. On peut mesurer aujourd’hui que la liberté de pensée n’est pas aussi aisée qu’on le prétend.
À L’OMBRE DES MAJORITÉS SILENCIEUSES OU LA FIN DU SOCIAL
— RÉÉDITION —
Le premier ouvrage qui dans le troisième quart du XXe siècle analyse la transformation de la démocratie et de la politique. Les « masses absorbent toute l’électricité du social et du politique et la neutralise en retour ». Et l’auteur d’ajouter : « la masse est caractéristique de notre modernité, à titre de phénomène hautement implosif. »
Première édition, Les Cahiers d'Utopie, 1978.