Déjà Paru
ÉLOGE DE LA DÉPENSE
Avec une postface de Yann Diener
La dépense n’a plus bonne presse. Désormais, tous les partis politiques s’en défendent pour conduire au mieux une politique d’austérité ordonnée par la crise européenne. Parallèlement, les messages publicitaires et les injonctions médiatiques engagent l’individu à se dépenser sans limite et à consommer — quitte à culpabiliser. Il y aurait donc un double mouvement, une schizophrénie moderne entre dépense publique et dépense privée, entre économie générale et économie psychique. Pourtant, la politique d’austérité dévoile un même idéalisme néfaste pour l’ensemble du corps politique. En prenant appui sur la pensée contemporaine, cet essai explore les problématiques actuelles de la dépense dans la parole publique et ses conséquences sur la place du citoyen. L’ambition est de mettre à jour les rapports physiques et symboliques qui lient l’austérité politique à l’ascétisme individuel dans une même morale de la production, pour pouvoir redonner à la dépense toute sa valeur subversive.
LE READY-MADE ORIGINAL
Why not sneeze Rrose Sélavy ?
Le monde merveilleux du ready-made a sa propre logique. La contradiction n’y a pas cours ; ou du moins, ce qui nous apparaît comme tel y représente un charme de plus. L’à-peu-près y vaut la rigueur, et souvent en tient lieu. C’est un monde où il y a “autre chose que oui, non et indifférent”, où l’indifférence même est autre chose qu’elle-même — une méta-indifférence, qui est une indifférence est une indifférence est une indifférence, de même que la rose de Gertrude Stein “est une rose est une rose est une rose”.
Oui, pourquoi ne pas éternuer ?
ABÉCÉDAIRE
Cet Abécédaire est le prolongement d’une conversation de l’auteur avec le philosophe Gilles A. Tiberghien.
Autonomie — Brassage planétaire — Continent théorique — Désobéissance — Étonnement — Faire avec — Génie naturel — Herbe — Initiative — Jardin — Kangourou — Lisière — Mouvement — Nuage — Optimisme — Patience — Q.I. — Résistance — Silence — Troc — Utopie — Variable — Wikipédier — X — Yin yang — Zizanie
SENTENCES DE SOLITAIRE
Sentences de solitaire poursuit le jeu entamé dans les précédents ouvrages de Toulouse-La-Rose publiés en nos éditions, Du singe au songe (2007), Pensées, donc (2008) et Libres pensées (2012) : des aphorismes trempés à l’acier du bon sens, de la politique, de la culture, qui révèlent le sordide des idées trop largement partagées.
Entre un « dictionnaire des idées reçues » et les loufoqueries d’un humoriste. Toujours bref et furieux.
JUSTE LA VIE
« La musique fit un temps partie de ma vie. L’écrit à part entière, puis la photographie, prirent le relais. Dire, exprimer, requiert divers langages, la photographie en est un qui appelle à diverses interprétations selon le regard que l’on y porte.
Ce livre marque pour moi l’inscription du temps, non par simple effet du souvenir mais par la transposition d’un regard sur l’objet capté qui dévie et prend alors une autre signification. Le temps est impalpable, n’a pas de représentation physique et l’on peut se poser la question de la démonstration photographique pour l’exprimer : ponctuelle, elle traduit directement l’objet dans sa simple ordinarité, je photographie ce que je vois ; détournée, elle emprunte un autre langage, je vois ce que je photographie, et se livre à un envol métaphorique où l’on n’y verra que ce que l’on veut bien y voir, ou y trouver.
Au travers des clichés ici présentés, se livre un album à colorier où chacun est libre d’apposer les dérives et les teintes de son choix. Regarder n’est pas une expérience neutre, c’est une complicité ».
J.-M.S.
LA MÉMOIRE EMPOISONNE MES PUITS
Faire le pas, prendre pied dans la journée qui s’ouvre devant lui pour que ce soit vraiment un autre jour — Émile, le narrateur, n’y parvient plus : l’afflux des souvenirs, comme une traînée de poussière, le retranche du présent. Dehors ne déploie plus devant lui qu’un désert où il chercherait en vain à étancher sa soif de vivre encore : “la mémoire empoisonne mes puits”, dit-il.
Émile, donc, qui dans Ces Éclats de liberté tentait de comprendre ce qu’avait été sa vie, constate qu’avec l’âge il ne parvient plus à “vivre à la vitesse du temps”, comme autrefois, quand lui, ses amis, ses camarades — et ils n’étaient pas les seuls dans le monde d’alors — croyaient même parfois pouvoir prendre de l’avance sur le temps…
Une réflexion à vif sur l’âge, sur la mémoire, sur le temps et sur une époque révolue.
LIBÉRER L'ENFERMÉ. AUGUSTE BLANQUI
Ouvrage écrit en collaboration avec Valentin Pelosse.
Au fond de nos souvenirs dort Blanqui, exalté, allumé, tour à tour activiste, militaire, « alchimiste », « philosophe », dressant des barricades avec des mots et des mots comme des barricades. L’homme des proclamations, des éclats : « Pourquoi le drapeau de la révolution est-il rouge ? c’est qu’il fut trempé mille fois dans le sang du prolétariat ». Par ses actes, ses écarts, ses images, Blanqui devint un mythe. Celui que l’on nomma l’Enfermé est devenu l’effigie du révolté — en oubliant ce qu’il fut.
Ce bref texte sommeillait à la fin d’un volume que nous fîmes paraître en l’an 2000 (reprise d’une parution de feu les Éditions de la Tête de feuille, 1973) où se confrontaient les « Instructions pour une prise d’armes », « Je suis un de ces voyageurs », « Contre le positivisme » et « L’Éternité par les astres ». Ne pas « Oublier Blanqui » est le but poursuivi.
ESTHÉTIQUE D'UN TRADER
Esthétique d’un trader est un essai sur l’art contemporain, élaboré à partir de l’œuvre de l’artiste américain Jeff Koons dont on ne retiendra ici que les initiales, les œuvres et les déclarations. « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux », disait Duchamp. Dans le même ordre idée, on pourrait affirmer que ce sont les institutions, le marché et la critique autorisée qui font les artistes. Qu’aurait alors à proposer celui qui prendrait la liberté de ton et d’analyse pour aller au-delà des apparences et des évidences formelles, des sophismes et des discours convenus, si ce n’est un « essai de critique fiction» - puisque rien n’est vérifiable et que tout est sujet à caution dans l’ordre des sensations ? Il faut bien admettre que prêter des intentions aux objets d’art, leur faire dire explicitement ce qu’ils taisent ironiquement ou cyniquement, est un exercice à haut risque. Fort de la méthode «paranoïaque-critique» initiée par Salvador Dali, Esthétique d’un trader s’aventure dans le dédale des hypothèses et des analogies, des filiations et des ruptures, des héritages et des trahisons. Andy Warhol prétendait qu’il n’y avait rien derrière ses tableaux. Mon œil ! Que recèlent la statuaire métakitsch design plus de J.K. et le coût exorbitant de ses œuvres ? Que dissimule son monde enfantin, optimiste, cool et sympa ? Une autopsie s’impose. Les faits, les bibelots et les déclarations de l’artiste qui inspirent le propos, seront là pour démontrer que la «critique fiction» n’est, en définitive, pas très fictionnelle. L’œuvre de l’artiste-trader n’est qu’un fil rouge ; l’essentiel du propos porte sur les interactions entre économie, art et culture. Ceci étant, on ne va pas nous refaire le coup de la querelle des anciens et des modernes. Ni happy few, ni nostalgique, Esthétique d’un trader prend le parti d’une troisième voie, celle d’un gai savoir - car il faut bien vivre dans le luxe et la dégradation ambiante. La finance, la communication, le mainstream, etc., ont rendu la société néolibérale morose et oxymorique (le désenchantement enchanté, l’aliénation libertaire, le socialisme libéral, le cynisme convivial, la transgression normative…) Faudrait-il ajouter les œuvres d’art les plus courues à la liste des nuisances et des nourritures spirituelles frelatées ? Au terme du procès, ce sera au lecteur de juger.
UNE ÉDUCATION ARCHITECTURALE
Antoine Stinco retrace dans ce récit l’itinéraire où le goût de l’architecture s’est, dans les années soixante, et malgré un enseignement rétrograde, imposé au jeune étudiant qu’il était.
En parallèle, l’auteur raconte certains états de sa vie truffés de péripéties dans une époque débutante où soufflait un vent de légèreté, pouvant faire croire, en plein cœur de ces années des trente glorieuses, à l’ambiguïté d’une liberté… enfin acquise ?
Un témoignage à ne pas manquer sur une époque révolue évoquant peut-être ce que furent « Les années folles » !
L'EXTASE ESTHÉTIQUE
« “Quant à l’art, il est trop superficiel pour être vraiment nul. [...] Comme pour l’anamorphose : il doit y avoir un angle sous lequel toute cette débauche inutile de sexe et de signes prend tout son sens, mais pour l’instant, nous ne pouvons le vivre que dans l’indifférence ironique.”
Cette phrase est extraite de l’article de Jean Baudrillard intitulé “Le complot de l’art”, paru dans le quotidien Libération du 20 mai 1996. À l’époque, le propos fut reçu comme une provocation, un jugement à l’emporte-pièce qui faisait de la création contemporaine une monnaie de singe et plaçait son auteur dans le camp de la réaction. Il était facile, en effet, de réactiver le combat historique de la modernité contre l’académisme [...] Sauf que cette posture avait pour principal défaut de reprendre un schéma obsolète auquel Baudrillard ne se conformait pas, tant sa position ne partageait rien avec les cris d’orfraie qu’à la même période un Jean Clair proférait. Nulle volonté, pour le théoricien de la simulation, de préserver une grandeur esthétique disparue, nul désir de s’en remettre à une bienheureuse transcendance de l’œuvre sous les noms de beauté ou de vérité. Au contraire, son jugement lapidaire était avant tout une manière d’en finir avec la transgression alors que celle-ci était — depuis plus d’un siècle — l’un des moteurs de l’art moderne. »