Sens & Tonka
LA CULTURE SUICIDÉE PAR SES SPECTRES
S'il est établi que le Front national joue habilement avec les contradictions de la politique, c'est qu'en d'autres domaines, et d'une façon souvent sournoise, il a agi. Déjà, Jean Baudrillard dans La conjuration des imbéciles montrait que le FN devenait référence intellectuelle et dès lors menait la danse. Jean-Paul Curnier, lui, met en vue que le FN travaille sur les cadavres mentaux qui traînent dans l'art et dans la culture, créant une réaction des plus périlleuses qui soit au sein des encore avant-gardes, ce qui provoque un mouvement de protection totalitaire tout aussi stupide et dangereux que la haine frontiste pour l’intelligence.
L'HYPOTHÈSE DE LA SINGULARITÉ
« Nous sommes dans cette phase effervescente d’inversion des processus, où se constitue sur le désordre virtuel, une autre civilisation à laquelle nous appartenons déjà sans le savoir d’une façon organisée, bien que se fabriquent chaque jour sous nos yeux et avec notre silencieuse complicité, ses nouvelles idoles. Ces êtres, nouvelles icônes, qui préemptent le champ médiatique, exclus par des institutions en déroutes, naviguent dans le scintillement de leur séduction : Reines dans nos cœurs de Monarchies dépassées, Prêtres dans nos âmes d’Églises en perdition, Tribuns dans nos consciences d’États impuissants, Penseurs dans nos rêves d’Académies collapsées. » L. S.
L’avènement de la société de l’information et la mise en place explosive d’un monde virtuel, se présentent sous les hospices d’une rencontre entre la masse et la singularité. Le seuil critique du harcèlement sémiotique – l’hypothèse de la singularité – le silence des majorités insondables – stratagème de la mise à mort du politique – media crash – critique de la pensée critique – la civilisation du virtuel de l’effervescence à l’évaporation.
LES PORTES
« "Les portes" se distinguent de toutes les composantes ordinaires du paysage. On les remarque, on les cherche, elles balisent notre regard. On sait qu’on devra en passer par là. [...] Le "seuil" jouit d’un privilège rare. Il ouvre d’un côté sur le passé, de l’autre sur l’avenir. La porte regarde des deux côtés à la fois, tel Janus, sans décider où se situent l’un et l’autre. »
NOTES EN VOYAGEANT
« L’inexorable machine d’acier (cette vieille image, cet évident cliché) ne prendra vie qu’avec la vitesse, elle nourrit des arrachements. Brise, disloque le temps. Elle kidnappe les êtres, les affole.
Une image me revient constamment. Ce sont souvent les femmes qui restent sur le quai, souvent roides, trop dignes.
La machine rafle les pleurs aux larmes qui ne s’écoulent pas.
Elles remplissent les yeux qui deviennent brillants. Eaux stagnantes du départ. La brutalité de l’air réessuie le visage, fait couler l’eau de la peine. Comment les hommes retiennent-ils l’arrachement ? Moi, je serre les dents. Mon visage devient douloureux, impossible à remuer. Je suis aussi statique que le train arrêté. Il m’est arrivé de mouiller les yeux. Le train n’a rien fait couler. On a perdu l’habitude de pleurer. H. T.
IM - QUI A SON MOT À RETIRER SUR TOUT… AFFIRME QUE L'AN 2000 NE PASSERA PAS
À l'aube des années soixante-dix, la proclamation, le manifeste étaient ce qui représentait le mieux l'époque qui disparaissait après les turbulence de Mai-68.
À l'orée des années soixante – dix pointait un nouveau soleil d'Austerlitz : un deuxième millénaire qui, quelque trente ans en avance, commençait à attirer et à se substituer sous le prétexte de déception créée par des mouvements sociaux dirigés sans vergogne par des être cyniques aux idées dites de libération finissant par choir dans le mysticisme, le sectarisme et le millénarisme.
Dans la joie, l'I.M (l'internationale merdique), parole ‘pataphysique, dans cet ultime manifeste (distribué en douce aux amis en 1972), que nous (re)publions aujourd’hui les affubles d'idiotie « sectiste » et, finalement, d'idiotie sectaire.
Le sujet final (comme la lutte finale) s'articule autour de l'aspiration de l'analyse de l'An 2000 ; et le seul moyen de se défendre contre l'ultime humiliation et soumission aux mots dont les conséquences sont (et furent) terribles est, l'espoir alors renaît, que l'An 2000 ne passera pas !
COFFRET SUR L'ART
Coffret sur l'art rassemblant
"Le Complot de l’art"
"Illusion, désillusion esthétiques"
"Entrevues à propos du “complot de l'art”
de Jean Baudrillard, et
"Le MAC de Marseille"
"l'Art Ultimo"
de Jean-Paul Curnier
OMBRES EXQUISES
Parfois un je, un tu se croiseront dans les textes. Est-ce un tu-Jean-Baudrillard, et un je-Hubert-Tonka ? Cette détermination n'est-elle pas réversible dans le mesure où ce n'est pas une substitution de rôle ? « Quelconque de ma part la parole me garde mieux que le silence », Francis Ponge.
À l'impossibilité de m'expliquer je renvoie sans cesse. Atteindre le silence qui envahit ton bouquin. Le vent n'est plus une insulte. / La solitude n'est pas une épreuve. / J'ai appris à entendre, cela au mépris de mon regard. Le regard d'habitude d'être au monde. As-tu trop d'espoir, n'est-ce pas à moi que s'adresse cette remarque ? / Finalement on est trop fragile.
LES AVATARS DE L'ARCHITECTURE ORDINAIRE
Notre vie quotidienne est composée d’enchaînements de choses ordinaires. Les esprits forts peuvent s’en moquer. Le commun leur répond : les tâches les plus humbles ne sont pas dénuées de grandeur. Ou encore : le rabâchement de l’ordinaire fait entrevoir des abîmes. Il ajoute : comment se choisir des héros si ce n’est en les distinguant de l’ordinaire ?
Des héros ? Parmi ses grandes figures, notre société distingue peu d’architectes. Si une poignée d’entre eux s’impose par leurs statures, la collectivité s’en trouve souvent encombrée : quand on la sonde à propos de l’architecture, elle répond « fuite en toiture ». On en conclut qu’il lui importe, en premier lieu, que l’architecture traite des choses ordinaires.
LA PART DES ANGES
« Aujourd’hui Kenneth, Ken, nous a quittés, que pourtant jamais sa voix ne se taise ; au cours de l’automne 1996 il nous avait apportés, avec un semblant de désinvolture avec toujours son air de mine de rien de s’en foutre et de dire sans le penser ça-n’a-pas-d’importance, cinq courts poèmes, fausse indifférence vous-en-faites-ce-que-vous-voulez ! Pourquoi ceux-là et non pas d’autres ? Peut-être parce qu’un écrivain, tout comme un père, parfois s’attarde d’autant mieux au goût de la préférence ! Ses poèmes nous plaisaient ; écrits en mots de demi-teinte, et comme lui, à peine dévoilés, ils taillent, cisèlent, creusent le corps profond de la matière en détachent la déchirure, et l’idée d’une publication était là, la chose entre nous fut promise et nous avions tout notre temps, le temps du moment propice, et puis... le temps à notre insu est venu, nous rendons aujourd’hui hommage à Kenneth Hylton. » J.-M. Sens
DE LA POLITIQUE
« Thucydide disait que les gens médiocres étaient les plus propres au gouvernement. » Montesquieu