L'Une & L'Autre
MAÎTRE NEMO LARGUE LES AMARRES
“Maître Tapiro digérait paisiblement, les pieds posés sur le bureau, lorsque son assistante lui apporta la lettre recommandée. Une telle audace à l’heure rituelle de son Havane, officiellement "garanti sans nicotine”, ne pouvait présager que d’une mauvaise nouvelle.”
J'ADORE LA CUISINE D'AFRIQUE
“– Oui mais, ça se voit ?
– Quoi, la repartie ? impossible puisqu’elle est repartie.
– Tiens, qu’est-ce que je disais, et le voilà reparti ! Réponds-moi sérieusement, est-ce que ça se voit le vin qui me monte aux joues ?
– Tu parles du rouge ou du blanc ?
– Du noir, ah, cette fois je t’ai bien eu !
– Et tu crois que je n’y ai vu que du bleu...
– Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir...
– De voir la vie en rose ?”
ADAM CHEZ LES BLOUSONS NOIRS
C’est l’histoire d’un gars, aurait dit un autre, l’histoire d’une époque abolie où les "Blousons noirs" faisaient régner leur loi, où Paris était encore populaire et sa banlieue proche déjà un vaste univers fait de terrains vagues, de flirts, de bastons, de fumettes et d’histoires miraculeuses. Un gamin grandit au milieu de tout ça, coincé entre les fantasmes de sa grand-mère, qui veille sur lui, et les murs de la cité, qui pèsent sur lui. De manière inattendue, la lecture d’un Rimbaud salvateur et la découverte de la création du premier homme feront de lui le prince de la nuit, le maître des clochards... et le chasseur de papillons.
POUBELLE DE JOUR
[…] Nos poubelles, nos conteneurs à bouteilles, nos bennes à ordures et nos pissoirs ont fait toilette, et pas qu'eux. « Tout est vert, j'sais pas quoi faire », pour ne citer qu'eux, auxquels, en passant, je rends hommage, tout est vert et pourtant j'sais pas quoi faire non plus dans ce qui suscite en moi une humeur morose au vert du malheur bien éloigné du vert de l'espérance qui peut-être a l'heur de donner du plaisir à quelques-uns de nos politiques à grise mine.
ROBERT MILIN
“Je ne recherche pas un médium d’élection. Je ne cherche pas non plus une esthétique populaire car je ne veux rien idéaliser à cet égard. Je mets en forme mes projets selon les situations d’interrelation de personnes à un milieu. La forme résulte des situations rencontrées. Certaines œuvres se présentent sous la forme de dessins, d’aquarelles, de photographies, de textes, de vidéos et dans ce dernier cas avec souvent une place importante faite à la dimension sonore. Mes œuvres peuvent aussi prendre l’aspect de sculptures ou d’installations, interagissant avec le contexte. Alors elles modifient ou interpellent le site, assumant toutes les contradictions possibles.” […]
WEEK-END AVEC HELLÈNES
“En résumé je vous la fécourte ce ticket a bien la même longueur que les autres, il est juste plus étroit. Je valide kr-kr petits trous encre bleue et je m’enfourne dans la rame suivante qui surgit en grinçant [...] Ennui, oh ennui du ver minus dans le wagon il ne se passe rien de niet de signédifiant jusqu’au terminus : « Le Pirée, Le Pirée ! ». Le pire est à venir, me dis-je, on ne sait pas de quoi ces gens sont coupables.”
AILE JUSQU'AU BOUT M'AIME
“Lui aussi possédait des ailes, tant à son prénom qu’à ses talons, ses omoplates ou ses tempes. Dans sa démarche, sorte de déambulation innée, libre et provocante, l’avancée de la hanche opposée à la poussée du pied dont le talon ne se reposait que peu, donnait l’illusion qu’il effleurait le sol. Balder dansant ?”
MON CON D'CHIEN
“Putain qu’est-ce qu’on va lui raconter à la zine, déjà qu’elle nous fait chier avec la zique qu’elle dit toujours qu’on joue trop fort la nuit... Et voilà que ce con d’chien il a étendu le chien à la zine, qu’est-ce qui t’a pris toi con d’chien d’avoir shooté le caniche à la zine, y t’a foutu les boules ou quoi ?”
LUMILA
“Il était à nouveau debout d'inquiétude sous le ciel. À l'écart de la maison, profitant de la lumière de la lune, il cherchait au loin par-dessus la masse obscure des bois, quelque mouvement annonciateur du retour de Lumila. La ligne claire du chemin, à mi-hauteur de la falaise : rien.”
CŒUR ATOME
“[...] il y a des corps plus ou moins élaborés. Certains ont encore des vêtements, bien que soudés aux corps écrasés, à tel point que l’on ne peut les dissocier de la chair momifiée. On trouve des bijoux fossilisés aux doigts. Parfois ce n’est qu’une mosaïque de minuscules fragments de vertèbres et de bassins que l’on doit assembler comme la plus ténue composition.”