Architecture
ORGANISATION, ANTI-ORGANISATION
– Réédition –
« Hautaines, arrogantes, les organisations codifient, quadrillent, centralisent. Du haut de leur puissance, elles dominent le corps social, y inscrivent leur logique et leur ordre. Elles sillonnent l’espace et le temps et ne laissent apparaître aucune zone ouverte où l’évasion soit encore possible. Si nous ne détruisons pas les organisations, elles nous briseront définitivement. Disloquer l’organisation, c’est briser les champs qu’elle innerve et nourrit, c’est inventer un temps et un espace autres, c’est dissoudre les formes de l’équivalence qui nous enserrent et nous emprisonnent, pulvériser le système de signes qui rend la vie monnayable sous forme de salaires et de marchandises, revendiquer un temps sans mode ni plein emploi. Aussi longtemps que subsistera la logique du sacrifice, l’organisation se renforcera ; elle s’écroulera comme un château de cartes, lorsque nous refuserons l’épargne de la jouissance au nom des objectifs planifiés ou des objets consommables. » Y.S.
IL ÉTAIT UNE FOIS LA PLUS-VALUE
Il était une fois la plus-value ou l’ironie du travail [règlement de comptes] dessiné en 1971 (année d’Il était une fois la révolution de Sergio Leone), parut en 1972. L’époque n’était pas encore à la mode du roman graphique ni à la BD littéraire. Il n’existait que quelques détournements de dessins de bande dessinée mettant en scène une apostrophe lorsque Isabelle Auricoste entreprit de mettre en image un court texte de Karl Marx, conversation du Capitaliste avec le Prolétariat, qui, ni l’un ni l’autre, n’ont leur langue [de bois] dans la poche, afin de faire avancer la théorie par cette manière alors peu usitée.
L'ENVERS DE L'ENDROIT
"Étrange livre ! On ne cherchera pas ici un manuel de jardinage, ni même une leçon de paysage, mais bien plutôt une leçon de vie, de vie de l’esprit pendant toute une vie. Malgré la modestie de son volume, L’Envers de l’endroit est la trace d’une longue navigation qui a mené son auteur à travers les continents de l’art et de la science, avant et pendant un destin de jardinier. Peinture, photographie, cinéma, d’un côté, médecine, botanique, ornithologie, horticulture, de l’autre, telle fut la formation hautement diversifiée d’Alain Richert, mais la palette des connaissances convoquées ici pour comprendre et œuvrer au jardin est encore plus large." (Claude Eveno)
LE CAS TRAWNY
Michèle Cohen-Halimi et Francis Cohen
Edgar Poe nous l’a appris, le meilleur moyen de dissimuler est d’exhiber ce que l’on veut soustraire à la lecture. On pourrait nommer le dispositif de “la lettre volée” l’entreprise qui consiste à dévoiler publiquement l’antisémitisme de Heidegger en éditant son journal de pensée, les Cahiers noirs, pour mieux empêcher cet antisémitisme de se plier aux conditions usuelles, c’est-à-dire historiques, politiques et morales, de sa compréhension. Heidegger est d’autant plus montré comme antisémite que son antisémitisme est soustrait à l’antisémitisme.
M. C.-H. & F. C.
ON L'APPELAIT RÉVOLUTION...
Le sommeil de la raison engendre des monstres, nous dit Goya, et il nous montre le dormeur prisonnier de ses cauchemars. Rien de comparable pourtant au sommeil de la mémoire qui permet à des monstres autrement dangereux de hanter notre histoire en se coulant dans des formes familières. Ces figures de l’oppression du passé, héritières des régimes totalitaires, n’hésitent pas à détourner la mémoire de ceux qui se sont opposés à leur entreprise, à se parer de leur nom, à contrefaire les rôles pour abuser le regard et les esprits.
C’est surtout la révolution qui, dans le monde contemporain, apparaît comme la négation radicale de ce qu’elle a représenté pour les exploités et les penseurs quand ils luttaient pour réaliser une société d’où les rapports de domination et de servitude auraient été bannis. Si bien que rendre au mot son véritable sens, faire en sorte que l’expression corresponde à la chose, voilà qui serait rien moins qu’une... révolution.
Il s’agit, ici, de percer le “mystère d’iniquité” qui consiste à changer chaque parole de l’émancipation en son contraire.
ÉLOGE DE LA DÉPENSE
Avec une postface de Yann Diener
La dépense n’a plus bonne presse. Désormais, tous les partis politiques s’en défendent pour conduire au mieux une politique d’austérité ordonnée par la crise européenne. Parallèlement, les messages publicitaires et les injonctions médiatiques engagent l’individu à se dépenser sans limite et à consommer — quitte à culpabiliser. Il y aurait donc un double mouvement, une schizophrénie moderne entre dépense publique et dépense privée, entre économie générale et économie psychique. Pourtant, la politique d’austérité dévoile un même idéalisme néfaste pour l’ensemble du corps politique. En prenant appui sur la pensée contemporaine, cet essai explore les problématiques actuelles de la dépense dans la parole publique et ses conséquences sur la place du citoyen. L’ambition est de mettre à jour les rapports physiques et symboliques qui lient l’austérité politique à l’ascétisme individuel dans une même morale de la production, pour pouvoir redonner à la dépense toute sa valeur subversive.
ABÉCÉDAIRE
Cet Abécédaire est le prolongement d’une conversation de l’auteur avec le philosophe Gilles A. Tiberghien.
Autonomie — Brassage planétaire — Continent théorique — Désobéissance — Étonnement — Faire avec — Génie naturel — Herbe — Initiative — Jardin — Kangourou — Lisière — Mouvement — Nuage — Optimisme — Patience — Q.I. — Résistance — Silence — Troc — Utopie — Variable — Wikipédier — X — Yin yang — Zizanie
SENTENCES DE SOLITAIRE
Sentences de solitaire poursuit le jeu entamé dans les précédents ouvrages de Toulouse-La-Rose publiés en nos éditions, Du singe au songe (2007), Pensées, donc (2008) et Libres pensées (2012) : des aphorismes trempés à l’acier du bon sens, de la politique, de la culture, qui révèlent le sordide des idées trop largement partagées.
Entre un « dictionnaire des idées reçues » et les loufoqueries d’un humoriste. Toujours bref et furieux.
L'EXTASE ESTHÉTIQUE
« “Quant à l’art, il est trop superficiel pour être vraiment nul. [...] Comme pour l’anamorphose : il doit y avoir un angle sous lequel toute cette débauche inutile de sexe et de signes prend tout son sens, mais pour l’instant, nous ne pouvons le vivre que dans l’indifférence ironique.”
Cette phrase est extraite de l’article de Jean Baudrillard intitulé “Le complot de l’art”, paru dans le quotidien Libération du 20 mai 1996. À l’époque, le propos fut reçu comme une provocation, un jugement à l’emporte-pièce qui faisait de la création contemporaine une monnaie de singe et plaçait son auteur dans le camp de la réaction. Il était facile, en effet, de réactiver le combat historique de la modernité contre l’académisme [...] Sauf que cette posture avait pour principal défaut de reprendre un schéma obsolète auquel Baudrillard ne se conformait pas, tant sa position ne partageait rien avec les cris d’orfraie qu’à la même période un Jean Clair proférait. Nulle volonté, pour le théoricien de la simulation, de préserver une grandeur esthétique disparue, nul désir de s’en remettre à une bienheureuse transcendance de l’œuvre sous les noms de beauté ou de vérité. Au contraire, son jugement lapidaire était avant tout une manière d’en finir avec la transgression alors que celle-ci était — depuis plus d’un siècle — l’un des moteurs de l’art moderne. »
UNE ÉDUCATION ARCHITECTURALE
Antoine Stinco retrace dans ce récit l’itinéraire où le goût de l’architecture s’est, dans les années soixante, et malgré un enseignement rétrograde, imposé au jeune étudiant qu’il était.
En parallèle, l’auteur raconte certains états de sa vie truffés de péripéties dans une époque débutante où soufflait un vent de légèreté, pouvant faire croire, en plein cœur de ces années des trente glorieuses, à l’ambiguïté d’une liberté… enfin acquise ?
Un témoignage à ne pas manquer sur une époque révolue évoquant peut-être ce que furent « Les années folles » !