Collège international de philosophie
LES TRANSFORMATEURS LYOTARD
Sous la direction de : Corinne Enaudeau, Jean-François Nordmann, Jean-Michel Salanskis, Frédéric Worms.
Par la multiplicité des champs explorés et l’ampleur de ses déplacements, l’œuvre de Lyotard reste d’un usage malaisé.
Sa pensée est trop souvent confondue avec celle de ses voisins de “la pensée française”, Deleuze et Derrida, ou réduite à une acception sommaire de l’un de ses concepts marquants : le “postmoderne”. On oublie ainsi l’enjeu singulier de cette réflexion, aux prises avec la décision qu’exigent le jugement d’une part et l’intensité anonyme où se donne “l’événement” d’autre part.
Dix ans après la mort de Lyotard, il nous manque une compréhension plus ample de la voix qui fut la sienne dans les débats philosophiques de la fin du siècle dernier.
Les textes de ce volume ouvrent la boîte des “transformateurs Lyotard”, ils expérimentent la puissance opératoire de cette pensée.
Gaëlle Bernard – Barbara Cassin – Bruno Clément – Françoise Coblence – Marc Crépon – Olivier Dekens – Corinne Enaudeau – Élisabeth de Fontenay – Alberto Gualandi – Clemens-Carl Härle – Laurence kahn – Jean-François Nordmann – Michel Olivier – Jean-Michel Salanskis – Dominique Scarfone – Anne Tomiche – James Williams – Frédéric Worms – Pierre Zaoui
USAGES CONTEMPORAINS DE LA PHÉNOMÉNOLOGIE
François-David Sebbah et Jean-Michel Salanskis
Deux auteurs de sensibilité différente dépeignent la situation actuelle de la phénoménologie dans une série de chapitres, commis par l’un ou l’autre, qui entre en “dialogue”.
La phénoménologie est, d’abord, saisie via le legs des pères fondateurs (Husserl et Heidegger) puis par les “passages à la limite” dus à une certaine filiation française (Derrida, Henry, Lévinas, Marion).
Ensuite, les auteurs s’intéressent aux croisements de la phénoménologie avec les sciences, soit qu’elle entre dans des transactions risquées avec les sciences cognitives, soit qu’elle donne son langage à la méditation du fondement des mathématiques. Poursuivent en mesurant l’avenir possible de la phénoménologie soit dans le cadre d’un nouveau programme de réflexion de la culture, soit comme “phénoménologie d’écrivain” qui endosse le plus philosophique de “l’attitude philosophique”, interrogeant les questions défiant tout traitement positif.
Le livre est clos par une brève “rétrospective duelle”, chaque auteur y propose son propre bilan.
L'INDEMNE
Ce livre se propose de chercher, à la fois avec et contre Heidegger, à la fois au-delà et en deçà de lui, et à la fois avec et contre une certaine tradition heideggerienne, la possibilité d’une politique heideggerienne pour aujourd’hui, ou, comme l’écrit Frédéric Neyrat, une sorte “d’ontologie, mais transie par la politique”.
Une telle démarche prend sens d’abord dans le constat que Heidegger serait le premier à avoir véritablement commencé à penser le développement de la technique comme destruction progressive du monde, c’est-à-dire comme perte de sens de la présence, de ce qui fait monde, et comme orientation mondiale vers un “non-monde”, c’est-à-dire vers un espace où plus rien n’est en tant qu’être, où toute substance se réduit à une subsistance.
FAIRE, AGIR, CONTEMPLER
Cet ouvrage se met en quête d'un alter-humanisme alternatif à une mondialisation économique. Hannah Arendt a montré la perte de sens opérée par la réduction de l'action politique et de l'œuvrer humain au travail industriel. Pourtant, travailler et œuvrer demeurent deux manières de faire, ce qu'Aristote appelait "poiésis". Si nous voulons retrouver le sens de cette activité, il faut repartir d'une analyse qualitative de l'activité artistique qui n'en sera que mieux distinguée de l'action politique et d'abord éthique dans sa gratuité. Si Hannah Arendt a repris à Aristote la distinction du faire et de l'agir, de la "poiésis" et de la "praxis", elle omet de rappeler que ces deux activités tirent leur inspiration d'une troisième : la contemplation.
Il n'est pas neutre, à l'heure de la technoscience, de rendre par ce terme de contemplation la "noésis" irréductible à son savoir intéressé. Par-delà l'alter-mondialisme, la question du monde détourne l'attention de l'urgence de rendre à l'homme sa dignité et en particulier dans ses trois activités essentielles : "faire, agir, contempler".
La Renaissance s'est-elle contentée de renverser les valeurs, abandonnant la contemplation pour s'engouffrer dans une action réduite aux progrès de la technoscience ? N'était-elle pas plutôt en quête d'un équilibre entre les genres de vie : active et contemplative, voire de volupté.