NOTES EN VOYAGEANT
NOTES EN VOYAGEANT
« L’inexorable machine d’acier (cette vieille image, cet évident cliché) ne prendra vie qu’avec la vitesse, elle nourrit des arrachements. Brise, disloque le temps. Elle kidnappe les êtres, les affole.
Une image me revient constamment. Ce sont souvent les femmes qui restent sur le quai, souvent roides, trop dignes.
La machine rafle les pleurs aux larmes qui ne s’écoulent pas.
Elles remplissent les yeux qui deviennent brillants. Eaux stagnantes du départ. La brutalité de l’air réessuie le visage, fait couler l’eau de la peine. Comment les hommes retiennent-ils l’arrachement ? Moi, je serre les dents. Mon visage devient douloureux, impossible à remuer. Je suis aussi statique que le train arrêté. Il m’est arrivé de mouiller les yeux. Le train n’a rien fait couler. On a perdu l’habitude de pleurer. H. T.